Lâcher prise ?
On entend beaucoup parler de lâcher-prise. Simple effet de mode, ou cette injonction recèle au fond un véritable trésor ? Et avant tout, que signifie-t-elle ? Que lâcher ? Dans quelle mesure ? Quand ? Comment ?
S'agit-il de lâcher nos désirs, demeurer dans une sorte de neutralité, de je m'en foutisme, de ça m'est-égalisme ?
Ca ne me paraît pas pertinent ni souhaitable. Nous serions petit bateau de papier endormi se laissant porter au grès du courant.
Est-ce renoncer au perfectionnement, sous prétexte que le perfectionnisme serait nuisible ? Nous serions alors petit bateau de papier résigné s'arrêtant devant le rocher sans même souhaiter le contourner. L'entéléchie est la "propension à chercher et à atteindre la perfection de l'âme, poussant à déployer son être dans toute l'étendue des possibles". En soi, cela me semble être une tendance naturelle et tout à fait saine. Seule l'obsession qu'on lui superposerait serait néfaste.
Peut-être s'agit-il de d'abord concevoir clairement ce qui est du domaine de mon contrôle et ce qui ne l'est pas, ou peu. Qu'est-il possible, et qu'est-il souhaitable de contrôler ? Où et jusqu'à quel point est-il pertinent de concentrer mes efforts ? Troquer une attitude qui me coûte habituellement 80% d'efforts pour 20% d'efficacité, contre une autre qui me coûterais 20% d'efforts pour 80% d'efficacité, serait-ce envisageable ? Certainement.
Pour moi, l'attitude juste serait alors de me concentrer sur la clarification de mes désirs. Une fois ceux-ci clairs et cohérents dans ma tête et mon coeur, l'intention est lancée, telle une flèche qui n'a plus besoin que d'être portée par le vent. L'intention, c'est la direction donnée à mon petit bateau. Puis, en lâchant mon besoin d'emprise sur le déroulement et la forme exacts des évènements, je laisse les choses s'agencer parfaitement d'elles-mêmes. Les vagues me portent sans effort vers les meilleures conditions adaptées à mes désirs. Et souvent bien plus géniales que ce que mon mental, limité, aurait pu imaginer par son système de planification étriqué. A l'inverse, ne semble-t-il pas que plus j'interviens mentalement, plus j'ai peur du mauvais déroulement, plus je doute de la réussite, plus ça foire ? Le petit bateau gigote en tous sens et finit par chavirer par sa seule force d'agitation. Certes en se crispant très fort, il peut parvenir à se redresser et finir par atteindre sa cible, ou pas loin, mais à quel prix...
Lâcher-prise, c'est peut-être arrêter de me demander ce que je dois faire et comment, pour me demander ce que je veux être et vivre. Du devoir au vouloir, de l'apparence à la profondeur, de la peur à l'envie. Une fois les désirs éclaircis, ressentis profondément et dans la joie, le lâcher-prise viendrait comme permission donnée aux forces de la nature d'organiser au mieux les situations, sans plus besoin de mon contrôle excessif ni de mes efforts disproportionnés. La porte est ouverte, elle laisse entrer la découverte, la surprise et la magie. Le chemin devient alors aussi merveilleux que l'idée de son aboutissement.
Lâcher prise, c'est rêver, puis faire enfin confiance à la vie.
Lâcher prise, c'est réaliser et accepter que l'on est né avec une baguette magique à la main, et qu'elle se commande avec le coeur.
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